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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Le zen et la vie

Sagesse et compassion d'une nonne zen

Shundo Aoyama


Une femme, maître zen au Japon, nous transmet la sagesse du zen au travers d'anecdotes de la vie quotidienne, d'histoires des anciens maîtres, de souvenirs et de reflexions.
épuisé
Collection : Spiritualité
Nombre de pages : 208
Format : 130 x 200mm
Date de parution : mai 2000
ISBN : 978-2-35432-023-2
15,00€

Traduit de l'anglais par Martine Haegel-Huck


Maître zen, imprégnée de la civilisation japonaise dans ce qu'elle a de meilleur, mais également femme de son temps et de grande culture, Shundo Ayoama porte dans cet ouvrage exceptionnel un regard lucide et compassionné sur la condition humaine, qui touchera toute personne en quête de vérité. Qu'elle cite l'enseignement des maîtres zen du passé, des anecdotes de la vie quotidienne, des souvenirs personnels, les réflexions de poètes et de philosophes japonais ou occidentaux, son langage simple et sensible témoigne d'une connaissance réelle de la vie et des enseignements bouddhiques, profondément intégrés par l'expérience.
Elle nous parle directement d'esprit-cœur à esprit-cœur (i shin den shin) - pour reprendre une expression classique du zen - de ce qui est essentiel : comment trouver le bonheur dans cette vie.
Shundo Aoyama nous rend ainsi naturellement accessible la sagesse du zen.
À propos de l’auteur

En entendant la voix du fleuve…
Je voudrais devenir une belle personne !
Le vent céleste
Si un récipient est bruyant, c’est qu’il n’est pas assez plein !
Le taon
Aimer
Un critère de jugement
Se mettre à la place de l’autre
Même si tu es père, tu es aussi fils
Pratiques religieuses qui excluent « moi, je… »
Les moines sont d’excellents amis
Lorsque nous sommes malades, soyons-le !
En suivant le fil du courant
Avoir de l’appétit est une bénédiction
Les fleurs de prunier ouvrent le printemps
Nous vivons tous dans la paume de Bouddha
La parabole des quatre manières de voir l’eau
Le brocart ne peut être tissé avec une seule couleur
Une rude expérience
Se consumer soi-même
L’oiseau bleu
Il n’y a rien à ajouter
De belles paroles
Cheminer dans la joie sur la Voie
Purifier son cœur
Au sommet de la jeunesse
En entendant le vent dans les pins
Ouvrir nos yeux
La négligence est la voie de la mort
Aller à la recherche de soi-même
Rechercher un bon maître
Se contenir
De la possession au possédant
Le vrai bonheur
L’effort
Rester concentré sur une unique chose
Avancer droit devant, en négociant les virages
Se donner à fond, ici et maintenant
Les fleurs de prunier s’harmonisent avec la neige
La bouche d’un moine est comme un four
Une attitude enthousiaste
L’esprit parental
Un esprit magnanime
Les choses du haut, en haut ; les choses du bas, en bas !
Savourer chaque moment de la vie
Considérer le changement de saison comme un tout
Le don d’un visage souriant
Regarder la vie en face
Histoire de Hãriti la démone
Le comportement quotidien d’une mère
Mes deux enseignantes
Pour améliorer les choses, il faut commencer par soi
Avoir peur de la critique est peu digne
Le sutra non formulé de la mère
Les dernières paroles des parents
Le monde de la sympathie mutuelle
Les tournants de la vie
Rejeter toutes choses
Le zen qui ne sert à rien
Servir les autres comme un pont

Notes

En entendant la voix du fleuve…

Dans la vallée, l'eau de tout fleuve ne cesse jamais de couler. Pas même pour un instant elle n'interrompt le flux rapide de son cours. Son murmure, pour moi, est le son même du temps. Entre les berges de l'univers, le fleuve du temps coule sans arrêt. Bien qu'ils soient emportés moins rapidement, les pierres, les arbres, les maisons et les villes passent également. La vie des êtres humains et de tout ce qui vit passe pareillement. Il en va de même pour les idées et la culture. Tout cela nous paraît permanent, mais il ne s'agit que d'une illusion.

Que nous soyons homme ou femme, nous nous donnons beaucoup de mal pour tenter de maintenir les choses telles qu'elles sont. En réalité, seul l'être humain se plaint de la nature transitoire de toute chose.

Même si nous nous lamentons et combattons de toutes nos forces cette vérité qui est à l'origine de notre souffrance et de notre lutte, il n'existe, en fait, aucun moyen d'empêcher que tout passe. Dans l'instant même où nous nous incluons dans ce continuel devenir, nous pouvons trouver la joie dans cette constante transformation. La nature éphémère de la vie humaine tisse la chaîne de ses innombrables motifs dans la trame de la vie.

Au début d'une période de zazen, alors que la cloche a sonné l'établissement du silence - shijo - et que tout devient silencieux, la voix du fleuve s'amplifie jusqu'à devenir claire et forte. Par la suite, lorsque nous marchons à petits pas, lentement et recueillis - kin hin -, ce son s'atténue de beaucoup. À peine le signal de pause - chukai -, a-t-il marqué la fin de la période de recueillement, que le murmure du fleuve s'évanouit complètement. Comment cela est-il possible ?

En réalité, la voix du fleuve qui coule n'augmente ni ne diminue, elle ne disparaît pas non plus. Lorsque les vagues de notre esprit se sont calmées, nous pouvons entendre la voix de l'eau et des cailloux, de l'herbe et des arbres, des ruisseaux et des montagnes qui nous enseignent. Mais ces êtres inanimés cessent leurs sermons dès que nous nous complaisons à penser aux affaires du monde. À ce moment-là, ce sont nos oreilles qui deviennent sourdes, car, en ce qui les concerne, ils n'interrompent pas leurs discours.

Il en va pour nos yeux comme pour nos oreilles. Lorsque l'œil de l'esprit est clair, nous voyons toute chose existante telle qu'elle est en réalité, naturellement. Mais dès que notre attention est distraite, ne serait-ce qu'un instant, par une toute petite pensée mondaine, ce que notre œil perçoit à ce moment-là n'est plus enregistré fidèlement par notre esprit. Nous devenons aveugles tout comme nous devenons sourds aux sons qui nous entourent. Lorsque notre attention est distraite, nous ne voyons plus ni n'entendons plus.

Le murmure de l'eau qui coule ne semble-t-il pas créer un rythme lorsque nous l'écoutons inconsciemment ? Pourtant, pas même une seule goutte ne passe une deuxième fois sur une même pierre, et le son de l'eau qui clapote contre un rocher change, lui aussi, constamment. Que cela nous semble identique est seulement une illusion des oreilles, des yeux, de l'esprit de l'homme. Lorsque l'eau a coulé le long des berges, elle ne peut plus rebrousser chemin. Ce n'est pas différent pour l'existence humaine. Ce ne sont que nos yeux et notre esprit mondains qui considèrent qu'hier est identique à aujourd'hui.

Des yeux et un esprit illuminés devraient reconnaître que chaque moment a sa propre forme qui est différente de tout autre moment.

Hundo Aoyama

Avant-propos de l'éditeur

Shundo Aoyama est née en 1933 dans la province d'Aichi, dont la préfecture est Nagoya, à quelques centaines de kilomètres au sud de Tokyo. Comme elle le raconte dans cet ouvrage, considérée par sa mère comme un cadeau du Bouddha, elle intègre dès l'âge de cinq ans le temple de Muryo-ji où elle reçoit une éducation religieuse. Ordonnée nonne à l'âge de quinze ans, elle fait son entraînement de novice au monastère de l'Aichi Semmon Nisodo, à Nagoya, puis ses études supérieures à l'Université bouddhique de Komazawa. Elle commence ensuite sa carrière d'enseignante, donnant des conférences et dirigeant des sesshin (périodes de pratique intensive). Elle participe également à des entretiens et des sesshin avec d'autres maîtres éminents du zen, en particulier de la lignée de succession de Maître Kodo Sawaki, avec lesquels elle confronte sa compréhension et son expérience.

Très vite elle est reconnue comme un grand maître zen. En 1976, elle est nommée abbesse de l'Aichi Semmon Nisodo - " Monastère de noviciat pour les nonnes du Soto zen de la préfecture d'Aichi " -, monastère de formation pour les nonnes zen, fondé en 1903 et suivant les règles de vie quotidienne de Dogen Zenji et Keizan Zenji, les fondateurs du Soto zen au Japon. Depuis 1984, elle est aussi responsable des temples de Seiho-ji et Muryo-ji, et réside tantôt dans l'un, tantôt dans l'autre, veillant personnellement à la formation des nonnes dont certaines sont devenues ses disciples et ont reçu sa transmission du Dharma.

Experte dans les trois Arts fondamentaux japonais (kado, la voie de l'ornement des fleurs, chado, la voie du thé, sodo, la voie de la calligraphie), elle les enseigne en particulier aux laïques, ce qui lui permet de prêter une oreille attentive à leurs problèmes personnels et familiaux. Comme on le constatera à la lecture de cet ouvrage, bien qu'ayant personnellement toujours vécu une vie traditionnelle de nonne zen, elle est très sensible aux difficultés des femmes et des hommes de son temps. Ainsi elle s'est fait également connaître du grand public et des médias (journaux et télévision). Elle est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages.

Martine Senrin Haëgel-Huck, traductrice du présent ouvrage, qui fut novice résidente à l'Aichi Semmon Nisodo décrit ainsi Shundo Aoyama : " En rencontrant Shundo Aoyama Roshi, on est immédiatement frappé par sa silhouette compacte, mais infiniment gracieuse ; un corps massif, bien planté, qui se meut dans une unité parfaite : pieds, hanches, épaules, tête se dirigent toujours ensemble dans une même direction, indiquant une présence totale dans l'action. Aoyama Roshi porte allègrement ses 67 ans ; d'un naturel sensible, elle rit souvent aux éclats ou se laisse aller à quelques larmes de compassion. Au monastère féminin de Nagoya, sa chambre est envahie de livres et de cartons parmi lesquels elle loge sans luxe et sans confort. Dès l'aube elle est assise en méditation (zazen) dans la salle des nonnes et, après la récitation des sutras, les novices écoutent ses enseignements, assises en file sur les talons. "

Shundo Aoyama Roshi appartient donc à la tradition Soto du zen japonais, dont la pratique essentielle est la médiation assise (zazen). Elle en est même aujourd'hui l'un des maîtres les plus éminents, responsable en outre de la formation de nonnes. Toutefois, et bien qu'elle se réfère dans ces pages au zazen et aux sesshin (périodes de pratique intensive), cet ouvrage ne s'adresse pas qu'aux moines et aux pratiquants du zazen. C'est qu'à partir de sa pratique de zazen, des enseignements du bouddhisme et de sa vie de religieuse, Ayoama Roshi porte un regard lucide et compassionné sur la condition humaine qui touchera chaque personne en quête de vérité. Qu'elle cite l'enseignement des maîtres zen du passé, des anecdotes de la vie quotidienne, des souvenirs personnels, les réflexions de poètes et philosophes japonais ou occidentaux, son langage simple et sensible témoigne d'une connaissance profondément vécue et digérée par l'expérience qui rend accessible à chacun la philosophie bouddhique.

Maître zen, imprégnée de la civilisation japonaise dans ce qu'elle a de meilleur, mais également femme de son temps et de grande culture, Shundo Ayoama nous parle directement, d'esprit-cœur à esprit-cœur (i shin den shin), pour reprendre une expression classique du zen. Et elle nous parle de ce qui importe : comment trouver le bonheur dans cette vie.

Pierre Dokan Crépon