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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Traité d'esthétique japonaise

Donald Richie

Comme l’a déclaré Itô Teiji à propos de la difficulté de définir l’esthétique japonaise : « Le dilemme auquel nous sommes confrontés vient de ce que notre compréhension est intuitive et perceptuelle plutôt que rationnelle et logique. »

De nombreux écrivains japonais privilégient dans la structure de leur travail une qualité d’indécision. Ce ne sont donc pas les hypothèses de l’« esprit qui contrôle » de l’auteur qui sont suivies mais, comme le dit l’expression - japonaise, le pinceau lui-même. Le terme japonais zuihitsu, qu’on peut traduire par « essai », n’implique rien d’autre que cela : suivre
le pinceau, l’autoriser à tenir les rênes.

Par conséquent, il ne s’agit pas ici de s’escrimer pour arriver à des conclusions logiques. Nous chercherons plutôt à définir ces perceptions et variations de l’appréciation esthétique dans un style qui suggère le caractère très incertain de leur description.
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Collection : Le Prunier
Nombre de pages : 112
Format : 140 x 210
Date de parution : juin 2016
ISBN : 978-2-35432-301-1
16,50€
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Traduit de l'anglais par Laurent Strim


Préface

Le traité

Glossaire
Notes
Bibliographie
Préface

Quand on écrit sur l’esthétique asiatique  traditionnelle, les conventions du discours  occidental (ordre, logique, progression, symétrie) imposent au sujet un aspect qui nelui appartient pas. L’esthétique orientale suggère, entre autres choses, qu’une structure ordonnée contraint, que l’exposition logique falsifie et qu’un raisonnement linéaire, par déductions successives, limite.

Comme l’a déclaré le théoricien de l’esthétique Itô Teiji à propos de la difficulté qu’éprouvent les Japonais à définir cette dernière : « Le dilemme auquel nous sommes confrontés vient de ce que notre compréhension est intuitive et perceptuelle, plutôt que rationnelle et logique. » Le plaisir esthétique admet des schémas artistiques, mais ces schémas ne peuvent être trop rigides ou trop circonscrits.
On aura plus de chances de parvenir à définir l’esthétique japonaise en recourant à un réseau d’associations, composé de listes et de notes reliées intuitivement, qui remplira un arrière-plan et rendra le sujet visible. D’où l’usage que font les Japonais des juxtapositions, de l’assemblage, du bricolage.

Dans tous les cas, qu’on envisage l’esthétique du point de vue de l’Orient ou de l’Occident, la faculté permettant la compréhension est la sensibilité – l’aptitude à être conscient, réceptif. C’est une qualité vivante et souvent rebelle à l’interprétation, et si elle doit être fixée par écrit, alors feintes et indications détournées sont de mise.
Par conséquent, il ne s’agit pas ici de s’escrimer pour arriver à des conclusions logiques. Nous chercherons plutôt à définir ces perceptions et variations de l’appréciation esthétique dans un style qui suggère le caractère très incertain de leur description.

De nombreux écrivains japonais privilégient dans la structure de leur travail une qualité d’indécision. Et, en ignorant les suppositions inhérentes aux questions qu’on leur demande de traiter, ils réussissent à éviter quelque chose de trop logique, de trop symétrique. Ce ne sont donc pas les hypothèses de l’« esprit qui contrôle » de l’auteur qui sont suivies mais, comme le dit l’expression japonaise, le pinceau lui-même.

Le terme japonais zuihitsu, qu’on peut traduire par « essai », n’implique rien d’autre que cela : suivre le pinceau, l’autoriser à tenir les rênes. La structure est la multiplicité des traits qui constituent la qualité esthétique, une qualité qu’ils impliquent et que nous déduisons.
Dans ce livre, j’ai cherché à me rapprocher de cette absence de méthode logique, ce manque de structure linéaire, et tout à la fois dans le texte et dans sa disposition, j’ai tenté de donner une idée de la progression d’un zuihitsu.
Donald Richie