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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Le jardin japonais : éléments de base

Le présent ouvrage est un guide pratique destiné aux amoureux du Japon qui veulent se lancer dans la création d’un jardin de style « montagne et eau ».

en stock
Collection : Le Prunier
Nombre de pages : 176
Format : 200 x 200
Date de parution : octobre 2018
ISBN : 978-2-35432-314-1
22,00€
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traduit du japonais par Marie Maurin
2 couleurs

Les jardins japonais mettent en jeu toutes sortes d’éléments — lanternes, groupes de pierres, bassins aux ablutions, clôtures, portes… —, disposés de façon extrêmement subtile et précise, qu’il s’agisse des roches dressées les plus magnifiques ou de la moindre pierre où l’on pose le pied. Au cours de leur longue histoire, qui va des temps anciens jusqu’à nos jours, ils ont donné lieu à des formes et des agencements très divers.
(Fujii Keisuke)

Le présent ouvrage est un guide pratique destiné aux amoureux du Japon qui veulent se lancer dans la création d’un jardin de style « montagne et eau ». Il contient de nombreuses illustrations, croquis et autres plans d’une grande précision, à même de répondre aux multiples questions qu’ils se posent. Les éléments constituant la structure de base des jardins de l’Archipel y sont présentés sous de multiples facettes de façon à permettre à chacun de faire son choix et de « construire » un jardin japonais bien à lui, fondé sur un authentique dialogue entre l’homme et la nature.
(Marie Maurin)
Préfaces

Lanternes en pierre
灯籠
tôrô

Pierres, bassins et vasques aux ablutions 
鉢前,蹲踞, 手水鉢
hachimae, tsukubai, chôzubachi

Un espace clos
Haies, écrans, portillons, portes suspendues et portes
垣根、そで垣、枝折戸、揚簾戸、簾戸
kakine, sodegaki, shiorido, agesudo, sudo

Le cheminement dans le jardin
Pas de pierre, dalles rectangulaires composites, pavage, fosse à déchets,
pierre-témoin, pierre signifiant « ne pas aller plus loin », pierres à proximité du « jardin intérieur », pierres de seuil, pierres de l’avant-toit
飛石、延段、敷石、ちり 穴、のぞき石、
関守石、中潜り付近の飛石、略伝踏段、横勝手踏段、軒内三石
tobi ishi, nobedan, shiki ishi, chiri ana, nozoki ishi, sekimori ishi, nakakuguri fukin no tobi ishi, ryakuden fumidan, yokogatte fumidan, noki uchi sanseki

Styles de jardin
庭園の形態
teien no keitai

Groupes de pierres
石組
ishigumi

Jardins secs, motifs sur sable
枯山水、砂紋
karesansui, samon

Pierres remarquables

ishi

Éléments d’architecture
Portails, portillons, clôtures et murs d’enceinte, gloriette, pavillon de thé, banc d’attente, entrée jardin de thé, porte du milieu, protections contre le gel et la neige
門、戸、塀、四阿、茶室、腰掛待合、中潜り、中門、霜よけ方法、雪づり
mon, to, hei, azumaya, chashitsu, koshikake machiai, nakakuguri, chûmon, shimoyoke hôhô, yukizuri
Préface de l'édition française

Le jardin est un espace qui, par définition, reproduit la création du monde. Il se caractérise lui aussi, à son échelle, par une mise en ordre du chaos représenté par la nature non domestiquée. Le Japon ne fait pas exception à la règle. Pour les habitants de l’Archipel, le jardin est lié à ce qui correspond à leurs yeux à l'espace primordial, autrement dit l’élément liquide ou la vaste étendue d'eau qui préexistait, d’après les mythes fondateurs du pays, à la séparation du ciel et de la terre. Il fait invariablement référence à la mer, aux rivières et à la notion de pureté qui va de pair avec l’eau et se concrétise sous la forme d’un bassin aux ablutions (p. 29). C’est un lieu clos, délimité par des haies, une clôture en bambou ou un mur de pisé (p. 65), et associé étroitement à l'image archétypale que les Japonais se font depuis toujours de leur environnement, à savoir un paysage marin ponctué d'îlots rocheux aux formes tortueuses et de grèves de sable blanc. Au Japon, on désigne d’ailleurs volontiers le jardin sous le nom de « montagne et eau » (sansui). Il est si profondément imprégné par les croyances de type animiste et les rituels du shintô — le culte indigène japonais —, qu’il est censé servir de résidence aux divinités (kami), notamment par l’entremise des arbres et des pierres d’apparence singulière (p. 125) qu’il abrite. Les plantes complètent cette mise en ordre en faisant le lien entre le ciel, qui leur donne la lumière et l’eau, et la terre d’où elles tirent leur nourriture.

Mais les jardins de l’Archipel sont aussi le reflet de multiples influences venues du continent entre autres le taoïsme, le bouddhisme et la peinture chinoise. La géomancie fondée sur le tao a joué et joue encore un rôle capital dans leur planification. D’après cette théorie, le fonctionnement de l’univers repose sur les deux principes complémentaires du yin et du yang et leurs relations avec les cinq éléments bois, feu, terre, métal et eau. Les maîtres jardiniers japonais veillent à ce que l’emplacement du jardin et sa configuration respectent scrupuleusement cette conception du monde, afin de tenir à l’écart les énergies néfastes et de canaliser le souffle cosmique. « Lorsque procédant de la sorte, on vit sur un terrain conforme aux divinités gardiennes des quatre orients [dragon bleu, tortue noire, tigre blanc et oiseau rouge], on jouit, dit-on, de bonheur dans sa carrière et d’une longue vie sans maladie », affirme Tachibana no Toshitsuna (1028-1094), dans le Sakuteiki (Notes sur la construction des jardins). Le
jardin japonais s’inscrit indéniablement dans le cadre d’une quête de la longévité. Outre des pins, symboles de l’éternité, il contient des pierres remarquables figurant bien souvent les îles où résident les Immortels (p. 125), îles qui, à en croire les mythes taoïstes, sont juchées sur des tortues et plongent au plus profond des flots sitôt que l'on tente de s'en approcher. Avec leur carapace hémisphérique représentant le ciel et leur face ventrale carrée, la terre, ces animaux fabuleux font directement référence au fondement de la cosmogonie chinoise que constitue le carré dans le rond, image emblématique de l’univers.

Si les temples de l’Archipel abritent autant de jardins, souvent parmi les plus beaux qui soient, ce n’est pas non plus l’effet du hasard. Le bouddhisme considère en effet que l’homme fait partie intégrante de la nature et à ce titre, il a exercé une influence nettement palpable sur les jardins. Le mont Sumeru, axe de l’univers dans la cosmogonie bouddhique, et la triade des « Trois Vénérés » chargés de canaliser les forces cosmiques y figurent en bonne place, une fois de plus sous la forme de pierres. Ils vont de pair avec le prunier, symbole de la précarité et de l’impermanence des choses. Le zen (chan), issu de la rencontre du bouddhisme et du taoïsme en Chine et transmis au Japon au XIIe siècle, a donné lieu quant à lui à l’apparition de jardins secs où des pierres et des buissons méticuleusement taillés servent de contrepoint à une austère étendue de sable blanc propice à la méditation.

L’art du thé de style rustique (wabi cha), codifié au Japon à la fin du XVIe siècle, a lui aussi marqué de son empreinte les jardins de l’Archipel. Les étapes du cheminement à la fois physique et spirituel du visiteur ont été clairement matérialisées par des pas de pierre (tobi ishi) subtilement agencés ainsi que des portes et des passages ponctuant l’« allée » (rôji) (p. 83). Les lanternes en pierre (ishi dôrô), réservées à l’origine aux abords des temples et des sanctuaires, ont dès lors occupé une place beaucoup plus importante et elles se sont grandement diversifiées (p. 5). De nouveaux éléments d’architecture — gloriette, pavillon de thé et autre banc d’attente — ont fait leur apparition (p. 149). Avec l’esthétique des maîtres du thé fondée sur la sobriété, la rusticité et la simplicité (wabi), les objets usagés et notamment les pierres de récupération (mitate mono) ont eu droit à une seconde vie. Et la végétation a eu pour mission d’évoquer un paysage naturel où règne la paix caractéristique des montagnes profondes favorable au cheminement intérieur. Dans le même temps, les maîtres-jardiniers japonais ont emprunté à la peinture chinoise le
« principe des trois profondeurs » qui permet de donner une impression d’espace dans un cadre limité, en jouant sur la taille et la place des différents éléments en jeu (p. 118).

Le jardin japonais est donc un vaste creuset où des influences d’origine locale ont fusionné avec des courants de pensée et des doctrines importés du continent. Une alchimie dont les habitants de l’Archipel ont le secret quand il s’agit d’assimiler des données venues de l’extérieur et de les intégrer dans leur manière d’être et leurs convictions profondes.
Le présent ouvrage est un guide pratique destiné aux amoureux du Japon qui veulent se lancer dans la création d’un jardin de style « montagne et eau ». Il contient de nombreuses illustrations, croquis et autres plans d’une grande précision, à même de répondre aux multiples questions qu’ils se posent. Les éléments constituant la structure de base des jardins de l’Archipel y sont présentés sous de multiples facettes de façon à permettre à chacun de faire son choix et de « construire » un jardin japonais bien à lui, fondé sur un authentique dialogue entre l’homme et la nature. Car pour reprendre les mots de l’auteur du Sakuteiki au début de son traité, « [Dans la construction des jardins], il faut aussi tenir compte de ses propres idées ».

Marie Maurin
août 2018