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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Être ce qui est

L'essence des enseignements du Bouddha

Ajahn Chah

en stock
Collection : Le Prunier
Nombre de pages : 280
Format : 150x225
Date de parution : janvier 2018
ISBN : 978-2-35432-308-0
19,00€
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traduit de l'anglais par Jeanne Schut

Ajahn Chah (1919-1992) est un maître bouddhiste thaïlandais extrêmement respecté dans son pays et qui a profondément influencé toute une génération d’enseignants spirituels occidentaux. L’une des raisons de sa popularité est la clarté et l’accessibilité de ses paroles qui s’adressent à des personnes de milieux culturels très variés. Il était capable d’enseigner au moyen des concepts traditionnels du Dhamma mais aussi de transmettre la vérité sous forme d’analogies et de fables, de sorte qu’il pénétrait le cœur même de ses auditeurs. Il le faisait avec énormément de chaleur et d’humour sans jamais sacrifier à la profondeur.
« Simple et profond » est une expression qui s’applique particulièrement bien à l’enseignement d’Ajahn Chah.

Les textes présentés ici ont été recueillis et traduits par son disciple Paul Breiter, qui rejoignit son monastère dans la forêt thaïlandaise à la fin des années 1960 et y séjourna, avec d’autres Occidentaux, pendant de nombreuses années. Plusieurs photos donnent vie à cette période. Cette version anglaise a été traduite en français par Jeanne Schut.

Jack Kornfield, qui vécut dans le monastère d’Ajah Chah, nous dit :
« En lisant ces pages, vous pouvez vous imaginer au cœur de la forêt, en début de soirée… La lumière des bougies vacille, les bruits des créatures de la forêt s’apaisent avec la tombée de la nuit, les cigales chantent. C’est le moment où vous réfléchissez à votre propre engagement dans une vie consacrée à la vigilance et à la vérité… »
« Laissez votre cœur être touché par ces enseignements et prenez le temps de les assimiler lentement. Qu’ils inspirent votre réflexion, apaisent votre esprit et vous guident vers la délivrance ultime. »
Remerciements

Préface, Jack Kornfield

Avant-propos, Paul Breiter

Croyances sur la pratique
Enseigner le Dhamma
Comprendre les enseignements
Organisation des enseignements
Traduction et terminologie
Poursuivre la tradition

Introduction

1. Entendre le Dhamma

2. Comprendre le Dhamma

Le Dhamma d’ici et maintenant
Le filet du braconnier

3. Pratiquer le Dhamma
Le chemin qui mène à la paix
La vertu est source de bonheur
Pratique de la méditation
Contemplation du corps
Expériences de méditation
Questions et réponses
Pratique pour les laïcs : ne laissez pas le singe brûler votre maison
Questions et réponses
La vie monastique. Pourquoi se faire ordonner ?
Les jours passent

4. Voir le Dhamma
Kondanya a compris
Tâtonnements et tergiversations

5. Être le Dhamma
Au-delà des causes et des effets
Nibbāna Paccayo Hotu

6. Enseigner le Dhamma

Glossaire

À propos des traducteurs
Contacts
Avant-propos de JACK KORNFIELD

Quand les premiers disciples occidentaux arrivèrent à Wat Pah Pong dans les années 1960, Ajahn Chah ne leur accorda pas l’admiration et les privilèges que les moines occidentaux recevaient souvent en Thaïlande. Il ne les exempta d’aucune des pénibles obligations quotidiennes, pas plus que du sévère entraînement qu’il dispensait dans son monastère. Assis sur un banc de bois, au pied de sa hutte au milieu d’une immense forêt, il les observait comme un horloger qui découvre un nouveau mécanisme. Il voulait d’abord savoir s’ils comprenaient ce qu’était la souffrance et comment ils espéraient trouver la paix en ce monde. Ensuite, il les accueillait d’un grand rire, leur enjoignait d’écouter son enseignement et leur proposait de rester pratiquer quelque temps auprès de lui s’ils l’osaient.

À cette époque, la communauté monastique était relativement restreinte et Ajahn Chah était encore peu connu en tant que maître. Vingt-cinq ans plus tard, il était devenu l’un des maîtres de la Tradition de la Forêt  les plus honorés et révérés du XXe siècle. En 1993, près d’un million de fidèles se joignirent au roi et à la reine de Thaïlande pour assister à ses funérailles et lui rendre un dernier hommage à son monastère. Entre-temps, son influence s’était étendue au monde entier : une centaine de monastères affiliés avaient été créés et nombre de ses disciples respectés enseignaient dans différents pays du monde.

La sagesse naturelle d’Ajahn Chah s’exprimait dans l’immense panoplie de « moyens habiles » qu’il utilisait pour amener ses élèves à la libération. Le respect de la discipline monastique et le maintien d’une attention pleine de dignité étaient ses premiers outils. Il enseignait aussi à travers des exemples et des anecdotes, des histoires et des questionnements pointus à la manière des koans japonais. Il utilisait l’humour et se riait des illusions du monde et de ses protégés. Il créait des liens étroits avec ses disciples à qui il enseignait avec un mélange de compréhension et de compassion, les engageant dans un dialogue pénétrant où rien ne demeurait dans l’ombre. Bien que sa façon de pratiquer exigeât un entraînement très strict à l’éthique, aux préceptes, au renoncement et à une attention soutenue, il enseignait cela le cœur léger, entièrement dévoué au service de la sagesse et de la libération.

Dès le départ, son enseignement de la méditation se focalisait sur ces points. Tout en donnant à ses disciples des instructions sur de nombreuses pratiques traditionnelles de méditation, développant tant l’attention que la concentration, il avait fait le choix délibéré de ne pas mettre l’accent sur les expériences de méditation hors du commun que l’on peut avoir en samādhi, dans les jhana, ou à certains stades de la vision pénétrante. Il disait que la méditation est un outil, une occasion de s’asseoir pour s’étudier de près, apaiser l’esprit et ouvrir le cœur. Il recommandait à ses disciples de « demeurer en ce qui sait », de découvrir la paix intérieure naturelle. Il affirmait qu’avec assez de calme intérieur, il est possible de voir la vérité plus directement – « ce qui est » –, de prendre conscience de la nature impermanente et insaisissable de la vie, et d’étudier la souffrance, sa cause et sa cessation. Il disait que la méditation est un moyen qui nous permet de lâcher prise, d’arrêter la guerre, de mettre un terme aux conflits, d’être en paix, quelles que soient les circonstances.

Chaque jour, au monastère, il y avait des périodes de récitation de textes en pāli, des temps de travaux effectués en pleine conscience, de la méditation assise et en marchant, du silence et des moments où la communauté monastique se retrouvait pour pratiquer ensemble – le tout parsemé d’instructions informelles données par le maître. Parfois, généralement après la récitation du soir, Ajahn Chah fermait les yeux et dispensait un enseignement plus détaillé sur le Dhamma, donnait des instructions à ses moines et nonnes, et à ses autres disciples dévoués. Ces discours pouvaient durer de soixante minutes à cinq heures ! Les nouveaux moines disaient des plus longues de ces soirées qu’elles étaient de véritables épreuves d’endurance.

Aujourd’hui Paul Breiter, longtemps disciple affectionné d’Ajahn Chah, a traduit du thaï et du laotien certains de ces discours. C’est une bénédiction pour les lecteurs occidentaux que de disposer de ces enseignements. Il s’agit là du pain quotidien du Dhamma d’Ajahn Chah, ses fameuses sessions du soir où il retirait le velours de ses gants et défiait ses disciples de regarder la vie droit dans les yeux. En lisant ces pages, vous pouvez vous imaginer au cœur de la forêt, en début de soirée, après deux heures de méditation silencieuse et de récitations sonores. La lumière des bougies vacille, les bruits des créatures de la forêt s’apaisent avec la tombée de la nuit, les cigales chantent. C’est le moment où vous réfléchissez à votre propre engagement dans une vie consacrée à la vigilance et à la vérité.

Et puis le maître s’adresse à vous sans détours et décrit la nature de l’existence. Il sait que vous pouvez vous éveiller vous aussi. « Toutes les situations sont incertaines. Telle est la vérité cruciale de notre monde. » Et il poursuit : « Vivez avec les choses telles qu’elles sont. Ne vous laissez pas griser ou emporter par le désir. Ne vous laissez pas enivrer par votre position sociale, par des idées ou des projets, ni par la façon dont vous pensez que les choses devraient être. » Il exprime la vérité très simplement : « En réalité, vous ne possédez rien. Vos pensées et votre corps eux-mêmes ne vous appartiennent pas ; ils échappent presque complètement à votre contrôle. Il faut vous en occuper avec compassion mais sans oublier que tout est soumis aux lois du changement et non à vos préférences. Quand vous comprendrez cela clairement, vous pourrez être en paix où que vous soyez. »

Lorsqu’il s’adressait aux moines et aux nonnes de son monastère, Ajahn Chah les encourageait à vivre à la hauteur de la noblesse de leur position et de maintenir la bonne réputation du lieu en tant que disciples sincères sur la voie du Bouddha. Il les incitait à pratiquer avec persévérance et avec une honnêteté libre de toute peur. Il leur demandait de se poser certaines questions : « Ai-je vraiment pris les enseignements à cœur ? Suis-je prêt à éloigner toutes les formes d’avidité, de haine et d’ignorance, à lâcher prise, à être libre ? Suis-je inébranlable dans ma pratique de la vertu et de la compassion, même quand c’est difficile ? Suis-je quelqu’un de facilement abordable, avec qui on peut converser aisément, ni fier ni rigide ? » Ajahn Chah ajoutait : « Ne prenez pas les enseignements à la légère. Ils ne sont ni une philosophie ni un idéal. Étudiez-vous de près, observez votre esprit et votre cœur. Libérez-vous des entraves du plaisir et de la douleur, et reposez-vous dans la voie du milieu, au cœur de la liberté. Faites en sorte que la robe safran que vous portez soit la bannière du Bouddha, un témoignage de la réalité vivante de la paix et de la sagesse dans le monde. »

Quand il donnait des instructions sur le Dhamma aux pratiquants laïcs, à des fonctionnaires du gouvernement ou à des officiers de l’armée qui lui rendaient visite, il était tout aussi direct et sans compromis. Il n’encourageait pas les pratiques dévotionnelles superficielles qui amenaient souvent les visiteurs désireux de gagner des mérites . Il exigeait d’eux qu’ils représentent le Dhamma en menant une vie de vertu et de compassion, en purifiant leur cœur et en se libérant de l’avidité et de l’ignorance. Il affirmait que tels étaient les véritables bénédictions et l’authentique mérite que l’on trouvait sur la voie du Bouddha.

Dans tous ses enseignements, Ajahn Chah nous rappelle que la libération est possible. Avec une intention sincère et un effort diligent, chacun de nous peut s’éveiller, chacun de nous peut découvrir la liberté et la paix.
En lisant, laissez votre cœur être touché par ces enseignements et prenez le temps de les assimiler lentement. Qu’ils inspirent votre réflexion, apaisent votre esprit et vous guident vers la délivrance ultime.
Puissent les paroles d’Ajahn Chah apporter la claire lumière de la vérité dans le monde. Puissent-elles être source de bénédictions et d’éveil pour tous ceux qui les liront.