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Maison d’édition indépendante fondée en 1992


Le bouddhisme zen Sôtô

Kohô Chisan


Kohô Chisan Zenji (1879-1967), qui fut le supérieur du grand temple de Sôji-ji, apporte dans cet ouvrage une contribution majeure à la compréhension de la pratique et de la doctrine du bouddhisme zen Sôtô.
épuisé
Collection : Spiritualité
Nombre de pages : 128
Format : 125 x 180mm
Date de parution : septembre 2006
ISBN : 978-2-911074-92-9
8,00€

Traduit de l’anglais par L. Genshin Strim


Dans cet ouvrage, Kohô Chisan Zenji (1879-1967), qui fut le supérieur du grand temple de Sôji-ji, apporte une contribution majeure à la compréhension de la pratique et de la doctrine du bouddhisme zen Sôtô. Il permet de pénétrer ce qui constitue la spécificité de cette école, l’une des traditions bouddhiques les plus répandues en Occident.
L’apport des maîtres fondateurs japonais, Dôgen Zenji et Keizan Zenji, est replacé de façon lumineuse dans l’évolution du bouddhisme, dont l’essence est elle-même exprimée clairement. En mettant en évidence les caractéristiques de son école, en permettant de mettre en accord la pratique et la compréhension, Chisan Zenji donne ainsi corps à la doctrine du zen Sôtô.
 ouvrage incontournable pour tous les pratiquants ou simples curieux du zen et du bouddhisme.

Introduction, par Pierre Dôkan Crépon
Avant-propos

La culture du monde à venir
La pensée fondamentale du bouddhisme
L’origine et le développement du zen
Le zen et la culture orientale
Le sens fondamental du zen Sôtô
Le véritable esprit des deux patriarches
La clé des doctrines de l’école Sôtô et de la pacification de l’esprit
Le zen et l’Occident
La religion du futur
Introduction de Pierre Dôkan CREPON

Ce petit ouvrage, dense et éclairant, a été publié pour la première fois en 1960 par le temple de Sôji-ji, à Yokohama au Japon, qui est l’un des deux temples principaux de l’école du bouddhisme zen Sôtô. Son auteur, Kohô Chisan (1879-1967), était alors le Zenji, c’est-à-dire l’abbé supérieur de ce temple (il le fut de 1957 à 1967). À ce titre il était l’une des deux plus hautes autorités du zen Sôtô.
La parution de cet ouvrage a coïncidé avec un long voyage qu’entreprit Kohô Chisan Zenji aux États-Unis et en Grande-Bretagne. Il y rencontra de nombreuses personnalités religieuses et politiques – il fut reçu par le président Eisenhower à la Maison-Blanche –, et il donna plusieurs conférences notamment à la London Buddhist Society, l’une des plus anciennes et prestigieuses institutions bouddhiques d’Occident. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il rencontra celle qui allait devenir sa disciple et la première femme occidentale à être reconnue maître zen, Jiyu Kenneth Roshi.
L’objet de tous les efforts de Chisan Zenji était évidemment de transmettre le Dharma vers l’Ouest et de faire connaître la pratique et la doctrine du zen Sôtô. À l’époque le zen suscitait déjà un véritable engouement dans certains milieux intellectuels, mais principalement au travers de la tradition Rinzai et d’une approche plutôt intellectuelle et livresque. La tradition Sôtô y était largement méconnue (les caractéristiques de ces deux traditions sont explicitées dans l’ouvrage).
En effet, la référence en matière de zen en Occident, jusqu’aux années 1960, était le professeur Daisetz T. Suzuki (1870-1966) qui avait eu l’immense mérite d’éveiller l’intérêt des Occidentaux à cette tradition centrale du bouddhisme (1). Il avait publié en anglais entre 1927 et 1934 ses Essais sur le bouddhisme zen (traduits en français en 1940-1943) qui connurent un grand retentissement et furent à l’origine à la fois des premières recherches universitaires et de l’intérêt
d’intellectuels de renom comme Carl G. Jung ou Erich Fromm. Les ouvrages de Daisetz Suzuki – il en publia bien d’autres – témoignent d’un travail considérable et d’une grande connaissance, à la fois du bouddhisme et de la tradition occidentale, qui sont toujours d’un grand intérêt. Il fut l’un des intellectuels majeurs de la première moitié du
XXe siècle dont l’apport ne saurait être mésestimé.
Toutefois, son œuvre comporte de graves lacunes pour qui veut aborder le bouddhisme zen. Ainsi, la pratique réelle est peu explicitée, la méditation zen, le zazen, qui est au cœur de cette tradition, quelle que soit l’école, est à peine citée. La tradition Sôtô, la plus importante au Japon, et l’œuvre de son fondateur, Dôgen, l’un des personnages les plus éminents du bouddhisme japonais et du bouddhisme en général, sont presque totalement passées sous silence. Par ailleurs une emphase excessive est mise sur l’aspect paradoxal et irrationnel du zen, ce qui conduisit à une certaine fascination pour une sorte de jeu de l’esprit et des attitudes non conventionnelles qui perdure encore aujourd’hui.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’intérêt pour le zen va grandissant. Du fait du nouveau contexte politique, de nombreux Occidentaux séjournent au Japon tandis que les arts japonais et les arts martiaux, imprégnés de l’esprit du zen, se diffusent en Occident. Plusieurs ouvrages tels que Le Bouddhisme zen d’Alan Watts (The Way of zen, publié en anglais en 1958) ou Le zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc d’Eugen Herrigel (publié en allemand en 1948 et en anglais en 1953) deviennent des livres cultes. Aux États-Unis, certains temples zen, destinés à l’origine exclusivement aux communautés japonaises, s’ouvrent vers l’extérieur et permettent aux Occidentaux de découvrir la pratique. Les nouvelles approches de la psychologie font largement référence aux traditions orientales tandis que le mouvement littéraire et culturel de la « beat generation » intègre à son idéal libertaire une vision idéalisée et poétique du zen.
C’est à cette ambiance et à cet intérêt que fait référence plusieurs fois Kohô Chisan Zenji dans cet ouvrage. C’est d’ailleurs la même atmosphère que rencontreront les premiers maîtres zen japonais qui s’établirent en Occident pour transmettre le Dharma, que ce soit Taizan Maezumi Roshi (1931-1995) qui s’installe à Los Angeles en 1956, Shunryu Suzuki Roshi (1904-1971) à San Francisco en 1959 ou Taisen Deshimaru Roshi (1914-1982) à Paris en 1967. Tous seront confrontés à la même attente et aux mêmes idées confuses sur le zen, et à la même ignorance concernant la pratique et la doctrine de l’école Sôtô.
Kôhô Chisan Zenji ne s’installera pas quant à lui en Occident, bien que sa lignée y ait été transmise par Jiyu Kenneth Roshi (1924-1996). Celle-ci, après avoir passé plusieurs années au Japon et reçu la transmission du zen de son maître retourna, selon les vœux de ce dernier, non pas en Angleterre d’où elle était originaire mais aux États-Unis, en 1968, et y fonda quelques années plus tard la communauté de Shasta Abbey. À ce propos, il faut souligner que donner la transmission à une femme étrangère était tout à fait inhabituel, et même impensable, dans l’institution zen japonaise des années 1960. Là encore, Chisan Kohô fit œuvre de pionnier et cela eut des répercussions positives par la suite dans le sens d’une plus grande parité au Japon entre les moines et les nonnes de l’école Sôtô.
En publiant cet ouvrage, Chisan Zenji apporta également une contribution majeure, et combien précieuse, pour la compréhension du bouddhisme zen Sôtô. Plus de quarante années après sa parution en anglais, sa publication en français est en soi un événement pour tous ceux qui pratiquent ou qui sont simplement curieux du zen et du bouddhisme. Sous-titré en anglais « An introduction to the thought of the soto zen sect » (Une introduction à la pensée – ou à la doctrine – du zen Sôtô), il permet en effet de pénétrer ce qui constitue la spécificité de l’école Sôtô. L’apport des maîtres fondateurs japonais, Dôgen Zenji et Keizan Zenji, est particulièrement mis en valeur et replacé de façon lumineuse dans l’évolution du bouddhisme, dont l’essence est elle-même exprimée clairement. En mettant en évidence les caractéristiques de son école, en permettant de mettre en accord la pratique et la compréhension, Chisan Zenji donne ainsi corps à la doctrine du zen Sôtô.
Maîtrisant évidemment la culture bouddhique et son influence sur la civilisation japonaise, Chisan Kohô fait également preuve d’une grande ouverture à la culture occidentale. Son désir d’unir les apports de l’Orient et de l’Occident, de la religion et de la science, de participer à la création d’un monde paisible et d’une religion compatible avec les sociétés modernes le situe dans cette lignée de grands religieux humanistes qui, en Occident comme en Orient, œuvrent depuis la fin du XIXe siècle à la réalisation de cet idéal pour le bien de tous. Nous ne pouvons que lui exprimer notre gratitude.

(1) D.T. Suzuki était le disciple laïc du maître Shaku Sôen de l’école zen Rinzaï, lequel avait été le premier maître zen japonais à se rendre en Occident lors de la tenue du Parlement mondial des religions en marge de l’Exposition universelle de Chicago en 1893.